Bien que placée sous la bienveillance autoritaire de l’Union Soviétique, la République Démocratique Allemande n’en n’était pas moins un Etat indépendant disposant de ses propres institutions.
Ménageant la susceptibilité du grand frère, dont l’armée foulait son sol, l’Allemagne de l’Est a vécu durant des décennies en puisant ses ressources dans sa propre histoire politique.
Tiraillées par des forces contradictoires, elle a suivit son propre chemin, refoulant son passé récent et développant son propre imaginaire national.
Après tout, l’unité allemande était très récente.
Elle s’est distinguée très vite de sa sœur de l’Ouest, mise sous tutelle par le vainqueur occidental.
Avant de devenir des dictatures, les démocraties populaires poursuivaient un idéal et prétendaient offrir à leurs citoyens la satisfaction matérielle.
Sur un champ de ruines, elles ont peu à peu développé une économie qui leur a permis de belles réussites industrielles et sociales.
Toutefois, la violence des organisations étatiques, le manque d’investissements ont très vite détourné la majorité de la population du projet initial.
En 2003 un film allemand, « Good bye Lenin » a donné naissance à un concept, « l’ostalgie ». Il s’agit de la nostalgie de cette époque, cet « âge d’or », où malgré le manque de liberté d’expression, la population jouissait de services publics efficaces, enseignement, santé, transports… d’une relative aisance matérielle. Rien ne survivra pas à l’effondrement de l’Etat et à la réunification allemande. Les plus opportunistes tireront leur épingle du jeu.
Un auteur, Nicolas Offenstadt, pose cette question légitime. La réunification allemande était-elle une réelle unification ou simplement une colonisation des lands orientaux ?
Son ouvrage, « Le pays disparu » (Folio Histoire), décrit la manière dont l’histoire de l’Allemagne de l’Est a progressivement été passée sous silence. Toute une population a ainsi été privée de sa mémoire, fragilisée, méprisée, refoulée et paupérisée.
Ainsi, la gentrification de l’Est de Berlin a été possible. Mais qu’est-ce que la gentrification, sinon une forme de colonisation ?
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