Printemps 1990. Berlin Ouest était une enclave cernée, depuis 1961, par un mur toujours plus haut, toujours plus infranchissable, toujours plus dangereux.
C’est là que, depuis la fin de la 2e guerre mondiale et jusqu’en 1989, se polarisait l’opposition entre deux conceptions du monde et du progrès humain.
Chacune d’entre elle était profondément matérialiste, mais puisait sa légitimité dans des concepts plus ou moins mystiques et peu rationnels.
Pour l’une, les plus méritants avaient pour mission de mener l’Homme vers le Paradis.
Pour l’autre, le peuple devait confier sa destinée au plus méritants pour accéder au même Paradis.
Au final, ces deux conceptions idéologiques se rejoignaient sur plusieurs points. L’égoïsme, l’appât du gain, le tribalisme et le népotisme, la corruption et la médiocrité morale étaient à la base de la formation des élites respectives.
La volonté du peuple est-allemand, l’incompétence de ses dirigeants, la lassitude de ses forces de l’ordre, étaient venues à bout de ce mur, à la fin de l’année 1989.
Au printemps 1990, le Mur ne ressemblait plus à grand chose. Côté Ouest, on avait attaqué au burin les fresques colorées pour les vendre aux touristes.
Côté Est, les appartements situés près du mur étaient de nouveau occupés.
Depuis cette époque, Berlin a vécu une profonde transformation. Très tôt, le no man’s land avait été livré à la spéculation immobilière.
J’avais sympathisé avec des militants qui campaient sur la Postdamer Platz. Ils m’avaient hébergé pour plusieurs nuits.
Ils s’opposaient à la construction de la tour Deimler Benz. Le mur de Berlin est symbolique, il n’est malheureusement pas le dernier construit depuis la dernière guerre mondiale.
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