Située sur la rive sud du Criș, proche du centre-ville, la synagogue néologue d’Oradea impose par ses dimensions. Son état proche de la ruine me pinçait le cœur.
Je restais planté devant la grille, regardant un chien famélique déambulant dans le jardin en friche. Un vieil homme s’approcha de moi. Nous nous sommes salués. Je lui demandai alors s’il était possible de visiter, persuadé que l’endroit n’était point sur les itinéraires touristiques majeurs.
« Dacă contribuiți la masă… », me repondit il. Puis, il m’ouvrit le portail.
« Si je participe au repas… ». La visite est gratuite donc. Un panier est posé sur une table, destiné à recevoir les offrandes.
Achevée en 1878, la synagogue néologue reprends les codes architecturaux éclectique en vogue à l’époque. Elle était en capacité d’accueillir un millier de personne. Sa construction fut décidée suite au schisme judaïque maghiar qui vit s’opposer les orthodoxes et les néologues.

A la veille de la Seconde guerre mondiale, la communauté juive d’Oradea comptait environ 10 000 personnes, soit presque un tiers de la population.
Sa présence remonte à la fin du XVIe siècle. Elle eut un rôle substantiel dans l’évolution de la ville, son industrialisation et sa renommée culturelle.

A la suite de la chute de l’Empire Austro-hongrois et du Traité du Trianon, Oradea fut intégrée dans ce qu’on appelle la « Grande Roumanie ».
Entre-deux-guerres, les Juifs furent victimes de nombreuses persécutions.

Le retour de l’administration hongroise dès 1940 précipita le sort de toute la communauté d’Oradea.
Comment ne pas être ému lorsqu’on entre dans ce lieu ?

Une affichette annonçait la restauration probable de ce temple. Ce ne sont certainement pas les offrandes déposées dans le panier qui y contribueraient.

Inclue à la liste des monuments historique du département de Bihor en 2015, la synagogue fut totalement réhabilitée et transformée en musée. Son ouverture au public eut lieu en 2018.
Le jardin a disparu.

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