La Piața Amzei se trouve à quelques mètres de la Piața Română ou de l’Athénée Roumain, dans le centre de Bucarest.
Dans les années 90, et encore aujourd’hui, les marchés étaient un lieu essentiel à visiter.
Ils impressionnaient par leur exubérance, la mixité sociale, la variété des produits agricoles, les sons et les couleurs.
En août 1992 la saison était bien avancée et nous découvrions des fruits et légumes inconnus.
Chaud en été, continental, le climat roumain se prête très bien à la culture de légumes fruits comme les courges, les tomates, les poivrons ou les aubergines.
Ayant été partiellement sous tutelle ottomane durant son histoire, la Roumanie a développé une cuisine très riche, à la confluence des mondes germaniques, slaves, grec et turc.
Pour vivre cette expérience, il fallait être invité dans une famille. La qualité des restaurants avait considérablement diminué avec le régime communiste.
La plupart des tables de grands palaces s’étaient muées en restaurants ouvriers, tout en conservant une tradition du service très guindée.
Toutes les villes roumaines disposaient de marché dit « agroalimentaires », établis dans des halles souvent vétustes.
Les paysans locaux y venaient vendre leur production du matin jusqu’au soir.
Dans les années 2000 les firmes occidentales de grande distribution ont pris pieds en Roumanie et ont peu à peu ringardisé ces lieux. Les politiques les ont négligés.
Depuis, les habitudes alimentaires ont considérablement changé dans le pays. Beaucoup moins de repas sont préparés à la maison et l’offre de junk food a considérablement augmenté.
Malgré tout, les marchés alimentaires sont des lieux d’échanges sociaux précieux, indispensables dans une société démocratique saine.
Il sont aussi une source de revenus très importante pour les producteurs et de très nombreux retraités.
Très récemment, un chercheur en sciences sociales, Florin Dumitrescu, alerte sur les risques de disparition des marchés au profit des complexes commerciaux et sous la pression spéculative.
A travers cette disparition, ce n’est pas seulement un pan de la culture roumaine qui s’effondrerait, mais aussi son autonomie alimentaire qui serait remise en question.
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