Ce carrefour, l’intersection des rues 23 August et Tomis, m’est très familier. C’est dans un appartement d’un maison ancienne qui fait l’angle, que je résiderai à chacun de mes passages dans la cité.

Les automobiles n’étaient pas rares en Roumanie au début des années 1990. Le prix des carburants était simplement prohibitif. On circulait donc beaucoup à pied et en transports en commun.
Ainsi, la ville était un formidable lieu de sociabilité et de découvertes. Les premières échoppes privées avaient fait leur apparition. Elle se stabilisaient dans d’anciennes boutiques dont les aménagements n’avaient pas été modifiés depuis plusieurs décennies. Parfois elles s’improvisaient dans une cour d’immeuble, dans une cave ou dans un kiosque en bordure de jardin.

La rue du 23 August fait référence au coup d’Etat de 1944. Sous la poigne de fer de l’autoproclamé « maréchal » Ion Antonescu, la Roumanie s’était jointe aux forces de l’Axe en 1941.
Le tout jeune roi Michel Ier, n’exerce qu’une fonction symbolique après l’abdication forcée de son père Carol II en septembre 1940.

Le 23 août 1944, la résistance roumaine provoque la destitution d’Antonescu. Michel Ier range alors le pays aux côté des Alliés.
Ce retournement aura un impact considérable pour l’Allemagne sur le front balkanique. Toutefois, il ne protégera pas la Roumanie de l’occupation soviétique.

C’est rue du 23 août que se situe l’Académie de musique Gheorghe-Dima, une institution universitaire fondée en 1919. Elle est nommée ainsi en l’honneur d’un compositeur et pédagogue roumain réputé. 

A longueur d’année, été comme hiver, il était possible d’entendre les étudiants à l’exercice. La rue était couverte de notes et de soupirs.

Dès 1991, la rue fut renommée Ion I. C. Brătianu, président du Conseil dans les années 20.

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