Après une journée passée à traverser la Bohème, j’étais arrivé à Prague. Dans le train, j’avais sympathisé avec deux jeunes Italiens, Andrea et Ivan. La mère de ce dernier était d’origine tchèque et possédait un appartement à Prague. L’étudiant qui le louait était en vacances à l’étranger. Ils m’ont proposé d’y loger. 

Il faisait noir quand, après nous être installés, nous sortîmes. Nous avions descendu la place Venceslas pour nous rendre dans la vieille ville à la recherche d’un endroit où nous  restaurer.
8 ou 9 heures du soir était déjà tard dans un pays qui avait vécu l’hiver communiste. La place centrale était vide.

Si le syndrome de Stendhal n’est pas une arnaque intellectuelle, c’est bien là que je l’ai vécu.
Il y avait quelque chose de magique et féérique sur cette place vide et plongée dans l’obscurité. Quelque chose qu’aucune photo ne pourrait retranscrire, surtout si elle est prise en plein jour.

Au cours de mon séjour à Prague, je suis retourné chaque jour sur la vieille place. C’était un lieu visité par de nombreux touristes.
Mais cette affluence ne dissuadait pas les Praguois, pour qui elle restait comme une place de village.
Ses flanc étaient encore bordés de restaurants toujours nationalisés où se mêlait une foule diverse et bigarrée.
Il arrivait que, par soucis d’économie et de banalisation sociale, les serveurs vous placent à la même table, face à un inconnu.

Au cours de mes nombreux retours de voyages en Roumanie les années suivantes, je suis plusieurs fois repassé à Prague et sur Staroměstské náměstí… parfois seulement pour quelques heures, entre deux trains.
Je n’ai jamais revécu la magie de la première fois.

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