Il fallait en avoir envie pour passer Noël et le réveillon en Roumanie, en décembre 1990.
A cette époque, la vie sociale s’était encore peu déconfinée de son hiver politique de plus de 40 ans.
Pour être sincère, il n’y avait pas grand chose à faire. Il n’y avait pas de vie nocturne, pas de boîtes de nuit, pas de cafés-concert, pas de terrasse. Les rares magasins rivalisaient entre eux par leurs rayons vides, et le peu d’amabilité que dégageaient leurs personnels respectifs. Je fréquentais les restaurants des grands hôtels et palaces hors d’âge.
Les Roumains conservaient leurs habitudes. On sortait peu, sinon pour se rendre visite. On se fréquentait en cercles restreints, en famille ou entre collègues. Après seulement quelques jours à Cluj, je m’étais fait quelques connaissances par l’intermédiaire de mon hôte. Je commençais à progresser dans ma pratique de la langue roumaine. On corrigeait mes erreurs avec bienveillance.
Dans les rues, des groupes de paysans déambulaient au son du tambour et du taragot, masqués, grimés, costumés. Noël, pour toutes les cultures rurales issues du Moyen-Orient, est avant tout la revanche de la lumière sur l’obscurité de l’hiver.
Majoritairement chrétien, malgré les décennies passées sous un régime matérialiste, le pays fêtera Noël. Ce ne sera pas l’opulence. Les Roumains rentraient chez eux, avec dans les bras ce qu’ils avaient trouvé pour faire plaisir à leurs proches, qui des oranges, un rouge à lèvre ou l’inévitable sapin de Noël.
J’avais l’impression de revivre les souvenirs de mes parents, ceux de leur enfance, au sortir de la guerre. La fête de la nativité retrouvait son sens et la simplicité qui aurait toujours dû être la sienne.
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