Mon ami Patrick m’a déposé à la Gare du Nord le 6 mai. Il rentrerait plus tard à Lille avec sa 205 Junior. Moi, je poursuivais mon voyage.

C’était la première fois que je prenais le Balt-Orient Express. Cette ligne de train, créée en 1948, était la version démocratique et populaire du prestigieux et aristocratique Orient Express, reliant Paris à Istanbul.
Il permettait aux habitants des pays frères de venir passer leurs vacances sur les plages de la Mer Noire.
La tête de ligne était Berlin, vers laquelle convergeait de nombreux trains venant de Pologne ou des pays baltes. A Bucarest, les voyageurs étaient acheminés vers les stations roumaines de Mamaia, d’Eforie, de Mangalia. Les quelques centaines de kilomètres des littoraux roumain et bulgare étaient pour les habitants des démocraties populaires un des seuls accès au soleil balnéaire.
Le Balt-Orient traversait les villes de Brasov, Episcopia Bihor, Budapest, Bratislava, Prague, Dresde, avant Berlin.

J’ai donc quitté la Roumanie avec de précieux souvenirs et des amitiés en devenir. J’ai quitté la Roumanie avec le vocabulaire minimal et l’intention d’y revenir.

J’ai quitté la Roumanie avec un tas de trucs dans ma poche que j’ai conservé jusqu’à aujourd’hui.

Des papiers griffonnés qui m’aidaient à communiquer. Des paquets de clopes qui m’ont aidé à arrêter de fumer.
Mon billet d’entrée dans la Maison de la République de Ceausescu, mon billet de location de barque pour accéder à l’île de Snagov, un ticket de bus, mon ticket de téléphérique pour la tîmpa de Brasov, mes suppléments de vitesse pour les trains omnibus.
Deux timbres inutilisés pour donner de mes nouvelles par courrier… Quelques pièces portant encore les symboles des valeurs socialistes…

Et puis, il y a cette liasse dont je n’ai pas parlé jusqu’à présent. Ce n’était pas forcément le moment le plus glorieux de ce voyage en Roumanie.
Sous ce billet de 100 lei, des morceaux de journaux, des bouts d’articles encore lisibles qui témoignent des inquiétudes et de l’enthousiasme des Roumains après la fin de la dictature.
Des morceaux de paroles que je suis en mesure aujourd’hui de lire et comprendre. On en reparlera plus tard…

En 1990, dans les pays communistes, en l’occurrence la Roumanie, l’inquiétude à l’égard de notre environnement s’exprimait déjà… « Sauvez la nature avant qu’il ne soit trop tard ».

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