Dacia était aussi le nom d’une de ces nombreuses marques de cigarettes que l’on pouvait encore trouver en Roumanie en 1990.

Les clopes roumaines n’étaient pas seules sur le marché. On trouvait des importations albanaises, bulgares ou même irakiennes.

Fumeur à l’époque, j’étais venu avec mes propres provisions de gauloises blondes. Il était de notoriété publique qu’offrir un paquet ou une cibiche occidentale pouvait faire plaisir ou simplement contribuer à lier de riches conversations.

Mes réserves s’étaient vite épuisées. Au point que je m’étais mis à la roumaine. Il y avait de bons côtés… Compte-tenu de leur âpreté et de leur goût, on était moins tenté de fumer. Cela dissuadait aussi les quémandeurs et autres taxeurs.

Les marques occidentales, américaines principalement, étaient postées en embuscade. Elles n’apportaient pas seulement un tabac plus savoureux. Avec elles c’était tout un imaginaire qui était véhiculé. Elles représentaient la libération. Elles étaient aussi un marqueur social. Ainsi, beaucoup de gens qui n’avaient jamais fumé s’y étaient mis.

N’étant pas encore autorisées à la vente, c’est principalement par la contrebande qu’elles étaient introduites dans le pays, ou par des visiteurs.
Kent est la marque qui a probablement rencontré le plus de succès.

On fumait beaucoup à Bucarest en 1990. On achetait ses cigarettes dans des kiosques qui vendaient aussi des journaux, des tickets de loterie, des tickets de bus, ou des magasins spécialisés, les « tutungerie ».

Un petit artisanat a aussi disparu. De nombreuses boutiques ou des ambulants proposaient le remplissage de briquets vides. Cela fait réfléchir quand on pense que les briquets jetables sont une source de pollution importante dans le monde aujourd’hui.

Les Dacia étaient produites par la fabrique de cigarettes de Iași (Fabrica de Țigarete din Iași), en Moldavie. L’usine a continué à produire jusqu’en 2003, tout en subissant des restructurations. Les bâtiments historiques, construits à la fin du XIXe siècle sont aujourd’hui à l’abandon, sinon en ruine.

Pour aller plus loin...

La fiche Wikipedia de la Fabrique de cigarettes de Iași.

Sur la valeur marchande de la Kent, voir le film de Cristi Puiu, « Un Cartuș de Kent şi un pachet de cafea« .

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