Construit sur l’emplacement d’un ancien han, un caravansérail, le passage est achevé en 1891. Il porte le nom de ses constructeurs, Mihalache Macca et Xavier Villacrosse, un architecte d’origine catalane.
Le passage a une forme de U, son entrée côté calea Vitoriei est discrète. Il est couvert d’une verrière jaune qui en fait un endroit reposant en retrait des rues bruyantes.
La vocation de la galerie était de recevoir de petites échoppes. En 1990, elle comptait une boutique de vêtements pour enfants, une bijouterie, un magasin d’optique, un autre de jouets et jeux… tandis que les étages étaient occupés par diverses officines.
Avant 1990 en Roumanie, toute l’activité commerciale était sous tutelle de l’Etat communiste. Bucarest comptait plusieurs marchés agroalimentaires, quelques grands magasins, des librairies, des magasins pour touristes, des magasins de seconde main, les « anticariat », des « lacto-bars », des « auto-servire ».
Les antiques boutiques d’avant guerre avaient survécu mais étaient dans un piteux état. L’offre y était rudimentaire, à l’image de la production industrielle locale qui n’en menait pas large.
La chute du régime en 89 a permis l’ouverture des frontières et la libéralisation du commerce. Dans le quartier de Lipscani, mais aussi dans toutes les villes de Roumanie, une économie plus ou moins informelle s’est mise en place. On trouvait beaucoup de choses, principalement en provenance d’Istanbul.
Certains allaient jusqu’à construire des kiosques au fond de leur jardin donnant sur la rue. Ils y vendaient de tout et n’importe quoi en fonction des opportunités. Un kiosque de lingerie pouvait vendre le mois suivant des pièces automobiles.
Les vieilles boutiques tombèrent en désuétude et finirent par fermer les unes après les autres. Pendant quelques années les anciennes enseignes trônaient encore sur les façades, avant d’être retirées pour laisser place à celles des firmes multinationales, des bars, des restaurants, des pizzerias, des kebabs…
Pour aller plus loin...
Commerce et contrebande en Roumanie, début des années 90 sur le site Panthère Première
Le passage sous verrière est un modèle architectural qui s’est développé au XIXe siècle en Europe. Paris, Milan, Bruxelles, Lyon, Bordeaux, Reims, Prague… Et bien sûr Nantes avec le passage Pommeraye, célébré par la littérature surréaliste et le cinéma de Jacques Demy.
L’automobile a mis fin à cette audace où le piéton était roi.
La Roumanie compte un autre passage, celui d’Oradea, le passage de l’Aigle noir, que j’avais photographié en 2012.
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