Après mon voyage au printemps 1990, je suis retourné à Bucarest en décembre. Il brûlait en moi le désir de revoir les gens qui m’avaient accueilli si généreusement.
Entretemps, j’avais commencé à apprendre le roumain. Mon souhait était de poursuivre les conversations parcellaires, apprendre et comprendre de ce que vivaient les gens en Roumanie.
Confiné, je trie mes photos. Je trouve celle-ci particulièrement annonciatrice des moments à venir.
Je crois que c’est à Bucarest que j’ai compris le sens du mot « effondrement » avant qu’il ne soit formulé et accepté par les dictionnaires.
L’Union Soviétique, et les démocraties populaires, se sont effondrées il y a 30 ans. Leur prospérité n’était qu’illusion et la chute du mur de Berlin n’est qu’un évènement symbolique.
Un an plus tard, en décembre 1990, les Roumains continuaient à faire la queue devant les magasins de première nécessité.
En tant que touristes, nous pouvions nous abstenir de faire la queue devant une boulangerie. Mais notre situation n’était pas enviable pour autant. Les seuls restaurants ouverts étaient ceux des grands palaces, quand ils n’étaient pas privatisés pour un mariage, et où la bouffe était particulièrement infecte.