Timpuri Noi était un de ces cinémas qui s’alignaient encore sur le Boulevard Gheorghe Gheorghiu-Dej, à Bucarest, au début de l’année 1990.
Gh. Gheorghiu-Dej, premier dirigeant de la Roumanie socialiste, est beaucoup moins connu que le dernier.
Cette artère a repris le nom qu’elle portait depuis 1930, Regina Elisabeta, première reine de Roumanie. Entre les deux guerres, cette voie était considérée comme une sorte de petit Broadway bucarestois, en raison de son nombre considérable de salles obscures.

Capitol, Festival, Lumina, București, Victoria… il ne reste pas grand chose de cette époque lumineuse. De toutes ces salles, seule le Victoria, redénommé Corso, projette encore des films en 2020. La plupart des bâtiments, construits par des architectes de renom, sont dans un piteux état. Les intérieurs ont été squatés, le mobilier volé ou détruit. Ils peuvent être vides, transformés en magasins ou servir d’entrepôts. Leurs façades sont masquées par les publicités ou les bâches qui protègent les passants des chutes de pierres.
Le Timpuri Noi a eu plus de chance. Il a été rénové et abrite aujourd’hui l’Institut Cervantes.

Timpuri Noi, « les temps nouveaux » s’appelait avant la période communiste, Cinematograf Palas. L’histoire de son nom ressemble à celle du boulevard où il se trouve, renommé au gré des changements de régimes.

Sur les 450 cinémas que comptait la Roumanie en 1990, il en resterait moins de 90. Abandonnés par les institutions, ils ont fermé les uns après les autres. Pour voir un film aujourd’hui en Roumanie, il faut aller dans les malls, ces centres commerciaux immenses qui s’imposent dans le paysage urbain.
Il y a peu de chances que vous voyiez quelque chose de très différents que ce que vous avez l’habitude de voir chez vous.
Pourtant, les Roumains aiment le cinéma et ils n’ont pas à rougir de leur production nationale. Au début des années 2000, une jeune génération a offert au monde des films d’une pertinence et d’une qualité sidérantes.

Pour aller plus loin...

Ruinele « Brodway-ului » bucureștean!, un article d’Andrei Crăițoiu sur le site du journal Libertatea
Une petite promenade sur le boulevard Regina Elisabeta, photos anciennes et récentes des cinémas.

Le blog Istoria Filmului Românesc, de l’association Kinofest :
Cinematografe din vechiul București :
I. Sfârşitul sec. al XIX-lea şi începutul sec al XX-lea: primele proiecţii cinematografice
II. Cinematografele înfloresc în perioada antebelică
III. Perioada interbelică

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